Quel sera l'impact économique de l'IA sur les établissements de santé ?
Dr Alain SOMMER
L'IA donne un second souffle à l'hôpital : elle améliore la qualité des soins, optimise les processus et, in fine, accroit la productivité des établissements. Leurs besoins en financement devraient en effet augmenter sous l'effet du vieillissement et du coût croissant des nouvelles technologies. L'IA peut sans doute atténuer la dégradation probable de leur situation financière.
Cette évolution ne viendra pas d'une révolution brutale du système de santé, mais d'une transformation continue qui redonnera des moyens aux établissements. Certaines unités changeront en douceur, d'autres se transformeront de façon plus radicale. Au total, l'IA aidera à réduire l'évolution des charges qui obère l'avenir des hôpitaux.
Les fonctions administratives et financières offrent un fort gisement d'économies. L'IA accroît la productivité en relançant l'automatisation. Les anciens projets de redesign des processus retrouveront un second souffle. L'intégration avec les systèmes des payeurs poussera les établissements à accélérer l'automatisation de ces fonctions.
En imagerie, en anatomopathologie et en biologie notamment, l'IA améliorera rapidement productivité et qualité : elle trie les examens urgents, automatise les mesures, harmonise les lectures et réduit les délais.
À moyen terme, l'IA améliorera l'allocation des ressources grâce à un codage plus fin. Au-delà de la seule valorisation des séjours, elle orientera les moyens vers les établissements qui le méritent. Une allocation plus pertinente améliore le fonctionnement du système de santé.
Les impacts sur les soins restent complexes. La qualité des prises en charge progressera nettement. Avec quel impact économique ? Grâce à une meilleure décision médicale, on peut attendre des gains liés à la baisse des erreurs diagnostiques, des effets indésirables et des réhospitalisations. Ces effets resteront toutefois progressifs. Ils ne se traduiront dans les charges que lorsque les transformations des établissements se réaliseront. Sinon, comme il s'agit à 70 % de charges fixes, les gains de productivité ne se traduiront pas en gains économiques.
Le métier de soignant gagnera en attractivité. La réduction des tâches répétitives et administratives rendra du temps au soin. L'accès facilité à l'information fait monter en compétences les équipes et accélère la transformation. Les effets économiques d'une refonte des compétences et des processus sont connus : elle ne réduit pas forcément les charges, mais augmente la capacité à soigner mieux et davantage. Cet accroissement d'activité suppose une refonte de la carte sanitaire pour générer au total de réels gains économiques.
À l'échelle du système, l'IA accélère la réorganisation des parcours entre ville et hôpital et améliore le taux d'utilisation des ressources disponibles.
Les VAN de ces projets sont très élevées car ils sont basés sur l'accroissement de la productivité et de la qualité.
En conclusion, l'IA est une bénédiction pour le secteur de la santé, à condition que les acteurs s'emparent du sujet et définissent de véritables projets économiques.

 
 