La lettre des décideurs économiques et financiers des hôpitaux

ÉDITORIAL-ÉVÈNEMENT

Du GHT au territoire de santé

 

Jacqueline HUBERT

Consultante Santé

La Loi de janvier 2016 a créé les GHT, première étape de la coopération hospitalière publique sur un territoire de santé.

L'un de ses principes était la mise en place d'un système d'information hospitalier (SIH) commun sur le GHT motivé par les achats, un PMSI réalisé par l'établissement support et un projet médical de territoire unique créant des parcours intra hospitaliers afin que le patient soit toujours « au bon endroit » : sur le bon plateau technique et dans le service de soins adapté à son état.

La mise en place de ce SIH unique s'est faite de façon chaotique depuis 2016 et ceci pour des raisons multi factorielles : coûts élevés d'un SIH commun alors que souvent les choix des établissements s'étaient portés sur des solutions différentes, absence de volonté des acteurs de terrain freinant le rattachement des fonctions mutualisées à l'établissement support, manque de moyens humains...

Le fait est que 8 ans après la création des GHT, nombre d'entre eux ne disposent toujours pas de SIH commun (près de 50%). Or, la technologie évolue et il n'est plus nécessaire de changer l'ensemble de son SIH pour obtenir une fonctionnalité commune en raison des progrès accomplis par l'interopérabilité. En effet, désormais plusieurs sociétés proposent des solutions d'interopérabilité tout à fait satisfaisantes.

Alors pourquoi s'arrêter au GHT qui ne concerne que les établissements publics (première pièce modeste, mais étape indispensable de 2016) et pourquoi ne pas mettre en place un SI de territoire en capacité de permettre à tous les acteurs hospitaliers publics et privés MCO et SMR, professionnels de santé libéraux et établissements médico-sociaux d'accéder à l'ensemble des données médicales des patients du territoire pour des parcours coordonnés et pertinents ?

Si la technique est désormais possible, il faut maintenant aligner le politique et l'administratif afin de dessiner des territoires de santé cohérents.

En effet, aujourd'hui la notion de territoire de santé n'est pas lisible, il y a : le territoire du GHT, le territoire du médico-social (le département), le territoire psychiatrique, les MSP et les CPTS pour les professionnels de santé libéraux, la Délégation Territoriale de l'ARS qui est aussi le département...

Cet enchevêtrement de découpages nuit à la lisibilité des moyens mis en oeuvre, des besoins à combler, et provoque in fine la dilution des responsabilités.

De fait, une volonté forte doit être affirmée par les pouvoirs publics de créer des territoires de santé pertinents dont le périmètre doit être clairement défini avec une gouvernance et un organe de contrôle unique.

Le territoire de santé doit permettre de définir un projet médical de territoire et des parcours ville-hôpital. Il autorise à cette échelle la mise en place d'outils numériques : les plateformes de suivi de patients pour des retours accélérés à domicile et pour les patients chroniques, un portail patient, de l'intelligence artificielle générative pour alléger et rendre pertinente la technostructure administrative...

A l'heure ou la simplification administrative est mise en avant, il s'agit là d'un dossier prioritaire afin de répondre aux besoins de santé pressants des populations.

 

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